EP119 – RENÉE, ENCEINTE, TOUT EST POSSIBLE

Magic moment ?

On est toutes d’accord sur le fait que fabriquer un être humain est totalement, indiscutablement, merveilleusement magique. Alors quand on commence une grossesse, il y a plusieurs réactions possibles: soit on se laisse porter par cette magie, sans trop se poser de questions, en remerciant la vie de nous permettre d’expérimenter un tel état. Soit, tout cela paraît tellement extra-ordinaire, qu’on a besoin de tout comprendre et la quête d’informations devient urgente et indispensable.

Un vrai besoin de comprendre

Quand Renée est tombée enceinte, probablement par “contagion sociale” comme elle aime le dire, elle s’est retrouvée dans une sorte de chaos psychologique, confrontée à pas mal de peurs, d’exigences maternelles, mais surtout beaucoup, beaucoup de questions. Pour tenter d’y répondre, sa solution à elle, a été de faire de sa grossesse un terrain d’exploration journalistique afin de comprendre, de comparer et de déconstruire, toutes les injonctions contradictoires qu’elle entendait sur le sujet. 

Pourquoi la Laurence Pernoud de 1986 est-elle si différente de celle de 2015? Pourquoi cette peur panique autour de la listériose? Pourquoi interdire radicalement l’alcool à une femme enceinte? Choisir la péridurale, finalement ce serait pas faire un peu sa chochotte?

De l’enquête au livre

Tout au long des 9 mois qu’a duré sa grossesse, et après avoir erré sur des forums où ça parlait gygy et bribri, elle a donc mené une véritable enquête, auprès de chercheurs, de médecins, et de femmes, pour obtenir un matériau riche et le mettre à disposition des futures mères pour qu’elles soient seules juges et maîtresses de leur grossesse. Son livre s’appelle “Enceinte, tout est possible”, c’est un shoot de déculpabilisation et de féminisme joyeux et il fallait absolument que Renée vienne vous en parler!

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Le compte Insta de Renée : @reneegreu

LES TEN TIPS DE RENÉE

1- Choisis une maternité respectueuse des femmes
Une maternité respectueuse des femmes, c’est une maternité qui les écoute (tout simplement) et qui ne fait pas prévaloir le confort des médecins par-dessus tout. Signe d’une bonne maternité : peu d’épisiotomies et de césariennes. Dans son texte de recommandation, le CNGOF (Le collège des gynécologues) rappelle qu’ « iI n’y a pas de bénéfice reconnu à la pratique de l’épisiotomie dans l’accouchement normal » et qu’ « il n’existe pas de preuve pour indiquer une épisiotomie en cas de présentation du siège, de grossesse gémellaire ». La maternité où j’ai accouché est à 38% d’épisiotomies. C’est beaucoup trop. A titre d’exemple, la maternité de Besançon est à moins de 0,5% d’épisiotomies…. Pour se renseigner, le monde a fait ce super papier  et l’Obs celui-ci.

2- Fais un projet de naissance
Parce que c’est toujours bien de savoir ce qu’on veut ! Même si les choses ne se passent jamais comme on les a imaginées, c’est bien de poser ses limites, ses besoins, ses désirs, et de tendre le plus possible à ce que tout ce beau petit package soit le mieux pris en compte.

3- Renseigne-toi sur l’accouchement physiologique, en maison de naissance ou même chez toi !
Ces accouchements sont le fait de beaucoup de rumeurs et de fausses vérités. Mais selon une étude du Ciane, le collectif interassociatif autour de la naissance, 97% des femmes qui ne voulaient pas et n’ont pas eu la péridurale se disent très ou plutôt satisfaites de leur accouchement, contre 78% de celles qui la voulaient… et 56% de celles qui ont eu recours à la péridurale alors qu’elles ne le souhaitaient pas au départ sont insatisfaites. S’il y a un ouvrage à lire, c’est “accouchement les femmes méritent mieux” de Marie Hélène Lahaye et son blog . Sur son blog, on lit aussi des choses passionnantes sur l’accouchement à domicile. Comme ça par exemple : “Il y a quelques mois, la revue scientifique médicale de référence, The Lancet, publiait une méta-analyse incluant 500 000 naissances à domicile : The Hutton et al. 2019 Meta-analysis. Sa conclusion est limpide : « Le risque de mortalité périnatale ou néonatale n’était pas différent quand l’accouchement était prévu à la maison ou à l’hôpital » (The risk of perinatal or neonatal mortality was not different when birth was intended at home or in hospital).”

4- Un sac à langer ne sert à rien
Quand on a jamais eu d’enfants, on croit qu’il faut acheter un million de choses mais en fait (spoiler) : non. Un sac à langer c’est juste un sac où on met des couches, des trucs pour nettoyer les fesses du bébé. Bref, un sac plastique pourrait suffire. C’est uniquement le style et le confort qui poussent à opter plutôt pour un sac à langer vendu comme tel. Globalement, méfie-toi, on va essayer de te vendre un milliard de trucs inutiles. Demande à tes amies mères d’abord si elles jugent les dits objets nécessaires ou pas, avant de casser ton PEL.

5- Tout va bien se passer et mange pendant l’accouchement (même si on te dit le contraire)
Si tu es dans une bonne maternité, il y a plus de chances que tout se passe bien et que tu vives un très bel accouchement que de risques que les choses se passent mal. Certaines maternités interdisent aux femmes de manger pendant l’accouchement, en prévision d’une anesthésie générale (que le ventre ne soit pas plein alors). C’est n’importe quoi. Un accouchement c’est comme un marathon. Vous imaginez partir courir 42 km à jeun ? Bof non. Si besoin d’un argument dans ses recommandation sur “les soins intrapartum pour une expérience positive de l’accouchement”, l’OMS écrit : ”Chez les femmes à faible risque obstétrical, la prise de liquide et de nourriture par voie orale pendant l’accouchement est recommandée.”

6- Pense à toi, confie-le
Pendant la grossesse, tout le monde est aux petits soins avec toi. Une fois ton enfant né, tous les regards se tournent vers lui. On pense toujours à lui en priorité, oubliant que pour qu’un enfant aille bien, il lui faut des parents qui aillent bien. C’est un leurre de croire qu’on peut être une bonne mère en s’oubliant totalement. On est jamais meilleure avec un enfant qu’en étant reposée, sereine et saine. C’est fatiguée qu’on perd patience et qu’on peut mal réagir. Bref, prends soin de toi. Offre-toi des moments qui te feront du bien. “Un enfant c’est agréable à plusieurs mains” dit ma mère d’origine sénégalaise avant de poursuivre : “toute seule, c’est dur”. Ne crains pas de confier ton enfant pour dormir, pour danser, pour lire, pour rêver, pour faire tout ce qui te fera du bien.

7- Tu vas devoir être créative
C’est la clé pour se sortir des situations les plus pénibles. Proposer des deals, inventer des stratagèmes. Depuis la naissance de mon fils, j’ai à mon actif au moins trois inventions : la course à la brosse à dents (il ne voulait pas se brosser les dents avant que je lui explique qu’on allait faire une course en se brossant les dents), le comptage de points les jours où il s’habille lui même (un vêtement = un point, plus il met de vêtements lui même plus il gagne de points), et enfin l’impossibilité pour moi de lire des magazines avant de se coucher. Car oui, mon fils est à fond sur le magazine des playmobils. Or, c’est horriblement nul. J’ai donc fini par instaurer la règle “jamais de magazine le soir avant de se coucher” , comme si c’était une loi votée par le gouvernement. Genre, “c’est dommage que ce soit comme ça et qu’on y puisse vraiment rien…”.

8- Ecoute-toi
Fais-toi confiance sur ton enfant. Toi seule en est l’experte, avec son père ou sa deuxième mère. Parce que je ne me suis pas assez écoutée, je suis passée à côté d’un reflux de mon fils je crois. Il pleurait tout le temps, je sentais qu’un truc n’allait pas. Au lieu de me faire confiance, je n’ai pas insisté auprès des médecins. Je sais aujourd’hui qu’un truc n’allait pas.
Un bébé qui pleure tout le temps, ce n’est pas normal…

9- Short par-dessus le jean, pâtes, bonbons. Choisis tes combats
Il faudra lâcher à des endroits si tu ne veux pas vriller. Exemple : j’adore manger et cuisiner. Mon fils qui a pourtant, bébé, été nourri aux purées de topinambours et de brocolis ne veut plus manger que des pâtes depuis ses trois ans. J’ai lutté avec lui, beaucoup, aujourd’hui j’arrête en me disant qu’un jour il reviendra à la raison. Trop d’énergie dépensée sinon et il faut se ménager. Idem pour les jours où il me demande de mettre son short de foot par-dessus son jean. Je dis oui. Car après tout : est-ce bien grave ? En revanche, je ne lâche pas sur l’interdiction de dessins animés la semaine (même s’il essaye bien de négocier) et la politesse (je passe mes journées à répéter, des “merci”, “s’il te plaît”, “bonjour”).

10- Ne te force pas à jouer aux petites voitures
Je me suis quelques fois forcée à faire la course avec lui ou à jouer aux petites voitures. Bilan : très mauvais. Je n’aime vraiment pas ça. En revanche, j’aime lire des histoires, les puzzles, les coloriages, cuisiner et c’est un véritable plaisir pour moi de faire tout ça avec lui. Ai-je de la culpabilité de ne pas courir ou jouer aux petites voitures ? Non, il pourra toujours faire ça avec ma sœur, son père ou qui sais-je. Je suis ce que je suis. Il a la mère qu’il a. Il n’y a pas de mère parfaite. Comme le disait le pédiatre et psychanalyste anglais du siècle dernier, Donald Winnicott, il y a des «mères suffisamment bonnes ». Une mère “suffisamment bonne”, c’est une mère en qui l’enfant peut avoir confiance et c’est déjà beaucoup. Ne te tue donc pas à devenir la nouvelle super woman. On verra ce projet pour une prochaine vie !

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